L’été est fini, mais je refuse de tourner la page si vite, je vous emmène alors avec moi dans mes vacances de ce mois d’aout. Une semaine baskets aux pieds, et sac sur le dos pour découvrir les Pyrénées. 7 jours sur le GR10 en autonomie
7 aout 2021 - 18h
Nous avons débuté cette aventure depuis Merens Les vals, en fin de journée. L’objectif de ce départ est simplement de quitter la ville afin de pouvoir planter la tente en toute tranquillité. Nous suivons donc la route avant de nous enfoncer dans la forêt. Le sentier s’élève de manière assez régulière. La météo ne nous fait pas de cadeau et c’est la tête baissée sous nos capuches que nous évitons la pluie. Nous passons à côté de sources chaudes qui nous font de l’oeil au regard de la température de l’air. Mais l’heure n’est pas à la détente, le campement doit être monté avant la nuit. C’est en contre bas du chemin que nous trouvons un endroit le long du Nabre, rivière que nous suivons depuis le début. L’air est toujours très humide, nous nous rinçons dans la rivière à la température vivifiante, nous mangeons sous les tentes. A peine plus de 3km et 340D+ pour cette première heure de marche. La vraie rondo débutera demain, en espérant une meilleure météo.
8 aout 2021 - 8.30
La météo est identique ce matin, humide, maussade et pluvieuse !! Nous reprenons le sentier de la veille encore un moment avant de bifurquer sur la droite. La pente se fait plus abrupte. Nous rencontrons nos premiers compagnons de voyage, des chevaux en liberté. Un bonheur pour l’ancienne cavalière que je suis. La montée se poursuit jusqu’au Porteille des Besines, ou le soleil perce enfin à travers les nuages. Nous retrouvons sur la descente des pentes herbacées, et une belle vallée jusqu’au refuge des Bésines. Nous rechargeons en eau et continuons en suivant le Ruisseau de Coume d’Agnel. Nous rejoignons le col du même nom après une nouvelle montée raide. A nos pieds une vallée avec de nombreux lacs dont celui de Lanoux. Il s’avère qu’il est très bas rendant le décor un peu triste. La descente est agréable et nous permet de souffler. La vallée est agréable et nous conduit au pied de notre dernier col, la portella de la Grava. Courte mais raide ! A son sommet nous découvrons une vallée verdoyante, avec de nombreux ruisseaux. La journée devient longue, et la descente puis le faux plat achève de nous fatiguer. C’est alors au bord de l’Estany del Raco, un superbe lac entouré de sommet rocheux, que nous posons le campement. La journée s’achève après 22km et 1600d+.
9 aout 2021 - 8:20
La nuit fut agitée … Nos voisines à cornes et cloches au cou, ont visiblement apprécié venir courir à nos côtés toute la nuit. C’est les yeux encore collés que nous reprenons ce sentier en faux plat descendant le long des prairies verdoyantes. Nous avons atteint en peu de temps le lac des Bouillouses et son refuge … Un retour à la civilisation un peu brutale. Nous venions de passé les 2 derniers jours seuls au milieu de rien, et nous voici entourés de groupe, et touristes en converse. Puis nous continuons sur une large piste en direction de Bolquère. La descente est pénible, monotone et pour seul paysage les remontées mécaniques. Nous nous récompensons en mangeant une pizza dans le village. Avant de reprendre la route … Oui oui la route … Nous avons marché sur le bitume au soleil et en descente pendant des heures. Les portions de sentier épargnent nos pieds, mais la journée n’est pas agréable et devient longue … Les villages se succèdent jusqu’à Planes qui nous offrent enfin de retrouver un chemin. Et une montée. Raide. En sous bois, nous offrant enfin le luxe d’un peu d’ombre. Au terme de cette ascension qui finit d’éprouver nos jambes déjà malmenées par la journée, nous trouvons une belle clairière dans laquelle établir notre campement pour la nuit. La source de la rivière jaillissant 700m plus loin sur le chemin nous permet de remplir les gourdes, laver nos vêtements de la journée et également de nous rincer. Se doucher est un grand mot, l’eau étant plus que vivifiante. C’est exténués que nous achevons la journée à 35km et 750d+.
10 aout 2021 - 7:45
C’est sans déjeuner que nous prenons le départ, objectif rejoindre la rivière en contre bas. Une petite heure plus tard, nous voici prêts à déjeuner au bord de l’eau et entourés d’un troupeau de vaches et taureaux ! Impossible de faire le plein d’eau à la rivière, nous envisageons de demander au refuge de l’orri de prats balaguer … Nous nous sommes vite ravisés en voyant l’amabilité du berger. Peu importe nous continuons sur une large piste forestière. Nos espoirs se portent alors sur Cabana d’Aixeques… Loupé c’est encore une simple cabane, en revanche nous attend une montée raide en plein soleil et bien qu’il soit encore tôt il fait très chaud. Direction donc le Coll Mijta. Il va sans dire qu’une telle ascension, ça reveille ! Au sommet nous nous retrouvons au pied de deux sommets : Puig Rodon et Pic Gallinas. Mais dans notre tête l’objectif est ailleurs, rallier le refuge du Ras de la Carança afin de se restaurer les pieds dans l’eau. La descente serpente à flanc de montagne, et le chemin en caillasse martyrise nos cuisses bien échauffées par la montée. 1h plus tard nous voici arrivé au refuge. Un petit havre de paix entouré de sommets dans une prairie verdoyante. Nous sommes accueillis par de joyeux chiens, des enfants rieurs et les gardiens très sympathiques. Nous nous accordons même le luxe de prendre un jus de fruit local. Nos tranches de saucisson et nos biscottes ont une saveur délicieuse assis sur un rocher les pieds dans l’eau fraiche. Après le repas une nouvelle ascension nous attend, celle du Coll del Pal. Elle ressemble à un KV tant nous progressons lentement, le poids des sacs surement … Nous traversons de nouveau un troupeau de bovins bien gardé par un taureau sous stéroïdes. L’ascension se radoucit dans une pente herbacée sur la fin, avant découvrir la réserve naturelle de Mantes qui s’étend sous nos pieds. Place à la descente ! Celle ci est sableuse, et tout aussi raide que la montée. Nous faisons parfois du toboggan entre les pierres afin de descendre plus aisément. Cette descente que l’on envisageait pas longue, s’avère finalement technique mais nous rigolons bien à nous voir glisser nos fesses de rochers en rochers. Nous continuons ainsi jusqu’au fond de vallée et au refuge de l’Allemand. Nous posons donc notre campement au bord de la rivière non loin de là. Une journée qui se termine et 32km et 1600d+ à la montre.
11 aout 2021 - 8:20
Ce matin nous prenons la décision de ne pas suivre le GR10. En effet l’idée de constamment descendre en fond de vallée nous a servi de leçon à Bolquères, et nous optons alors pour le HRP et la fameuse route des crêtes. Mais pour cela il faut remonter en direction de Portella de Mantet au pied du Pic de la Dona. Une montée raide, mais courte qui nous met en jambes dès le matin. La suite sera plus roulante. Nous longeons les crêtes au pied des sommets, et nous croisons même un troupeau de chamois local : les zizars. Je n’ai pas de mot tant le paysage est à couper le souffle. C’est si sauvage, et nous ne croisons presque personne. Les seuls êtres vivants sont des bovins ou des chevaux en liberté. Nous marcherons une bonne partie de la journée sur ces crêtes, seuls au monde. Puis nous retrouverons une large piste qui s’enfonce dans la forêt, nous maudissons la descente si peu technique soit elle. Nos cuisses sont meurtries à chaque pas, mais les discussions animent le tout au désespoir d’un paysage à admirer. C’est un peu le regret général du GR10 nous descendons souvent en fond de vallée sans grand intérêt. Fort heureusement cette journée des crêtes étaient superbes. Notre objectif réconfort se tient au refuge de Mariailles. Une halte pour avaler un jus frais et une part de gâteau. La fatigue s’envole aussi tôt. Demain nous prendrons la variante du Canigou, ainsi ce soir nous voulons avancer un peu. Nous aimerions pouvoir rejoindre la rivière du Cadi pour établir notre campement. Un groupe de jeune entreprend l’ascension en même temps que nous. Nous discutons un peu avec eux, ils sont chargés avec des potes bags, ou des sacs d’écolier … On comprend bien qu’ils ont pour idée de faire un apéro nature plus qu’une rando. On se cherche un peu, au premier en haut ! Nous arrivons au Cadi, eux continue pour partir de plus haut le lendemain. Peu importe, nous avons rendez vous avec le coucher du soleil, et nos estomacs commencent à se faire entendre. La journée s’achève avec 31kms et 1000d+.
12 aout 2021 - 9:00
Le réveil ce matin est plus tardif, mais plein d’entrain. Nous nous dirigeons vers l’un des plus hauts sommets des Pyrénées : le Canigou ! Le chemin est un peu sinueux, et la pente assez douce au début. Nous marchons comme la veille à l’abri des arbres. Nous craignons que les fortes chaleurs nous assomment vite dans la montée. Nous arrivons dans une immense prairie. Nous découvrons aussi de nombreux sommets rocheux face à nous. Difficile d’imaginer qu’un chemin permette d’y accéder. Au pied du sentier qui parait être une ligne verticale pour rejoindre le sommet une fontaine permet de faire le plein en eau. Cela annonce la couleur ! Nous nous lançons donc dans ce pierrier ou le chemin se devine … Parfois moins que d’autre, mais l’essentiel est de grimper droit dans la pente. L’ascension par les cheminées devient de plus en plus délicate. Le chemin étroit et technique ne laisse pas place à l’erreur quand on voit la pente abrupte à nos côtés. Puis c’est de l’escalade qui nous attend. Les personnes sujettes au vertige ou ayant tendance à trop réfléchir pourrait ne pas du tout apprécier. Puis l’arrivée au sommet … On voit la mer au loin, et l’endroit est fréquenté, nous ne nous éternisons pas. La foule ne nous a pas manqué ces derniers jours.
Nous entreprenons la descente en direction du Pic Joffre. Elle reste technique mais bien moins abrupte que l’escalade par les cheminées. Elle reste néanmoins assez longue. Mais nous avons décidé de nous offrir le luxe d’un repas au chalet des Cortallets. Et l’appel du ventre vous fait descendre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Le refuge est immense, une belle terrasse au soleil, un personnel souriant et des plats à se damner (surtout après des jours de pâtes et soupes lyophilisées.). Après ce bon repas il est l’heure de reprendre la descente, sur une piste 4x4 assez peu intéressante … Encore une descente longue et rasoir … Jusqu’à atteindre le Ras de Prat Cabrera. Nous bifurquons alors pour suivre les balcons du Canigou, une partie en balcon du GR10. Nous traversons encore de nombreux troupeaux mais surtout, la pluie s’invite pour la première fois. Une pluie dense, et le ciel qui se charge, l’orage arrive. Sous nos goretex nous hâtons le pas. Aucune idée de notre campement pour la nuit, nous marchons tête baissée. Le sentier longe les flancs de la montagne, passant par moment sous la forêt. Nous traversons aussi de petit cours d’eau. Puis la tempête se fait trop intense au moment ou nous arrivons au refuge de Pinatell. Malheureusement il est condamné pour cause de punaise de lit. Nous profitons de son avancée pour s’abriter et décider quoi faire avec ce déluge. Les autres options semblent tout aussi incertaine que celle de continuer. Une accalmie arrive, et nous repartons ! Capuche toujours visée sur le crâne et tête basse. Peu après nous tombons sur le refuge l’Estanoyl. La pluie a cessé, et un couple nous accueille gentillement. Il est question de faire sécher nos affaires mouillées au mieux. Pourquoi pas prendre une douche dans la source à côté du refuge. Nous apprenons par le couple qu’une clairière se trouve à 2 pas du refuge. Après la douche nous nous y rendons, et ce sera donc notre dernier lieu de campement. 26 km et 820d+ clôture cette journée.
13 août 2021 - 8:00
C’est la fin… Et nous savons que cela ne sera pas une partie de plaisir. En plus de la nostalgie de finir ce trek isolé du monde moderne, la descente dans la vallée sera encore une fois longue et douloureuse. C’est quasi 2000d- qui attendent nos pieds et nos jambes éprouvés. Néanmoins nous commençons la journée par une légère remontée en sous bois. Un petit single qui serpente en douceur avant de se dévoiler au soleil déjà brulant dans une immense prairie. La descente commence. Nous retrouvons régulièrement du goudron, et passons devant le refuge de Batere. Visiblement le refuge devrait être rénové, et heureusement car on dirait un hôpital à l’abandon … Il fait froid dans le dos. Pas le temps, ni l’envie de s’éterniser et nous continuons notre route… C’est le cas de le dire, sur du bitume. La matinée parait durer des jours. La descente est toujours abrupte, mais parfois en single poussiéreux, parfois en descente caillouteuse de vtt parfois en piste ravagée par les tractopelles… La chaleur elle en revanche ne fait que s’accentuer. Nos pieds fument et nos cuisses hurlent jusqu’à atteindre enfin Arles sur Tech. Traverser le village, trouver beaucoup de commerces fermés, sauf la supérette. Nos emplettes seront dégustées les pieds dans l’eau, une ultime délivrance et un bonheur infini. Fini après 18km et 355d+.
Ce gr10 fut l’occasion de découvrir une nature sauvage et préservée mais surtout d’être isolés. Nous envisageons de poursuivre cette traversée, mais nous opterons sans doute pour des variantes. Le gr10 n’est pas très fun, et comporte des portions très lassantes et sans réel intérêt de notre point de vue. Nous avons largement préféré le HRP et sa route des crêtes ou la variante du Canigou. En tout cas nous avons savouré ces quelques jours, et j’espère vous avoir donné envie de vous y rendre. Il est dorénavant temps de passer à l’automne !