Le courage dans le sport vu par des êtres humains ordinaires et sportifs extraordinaires.

Le courage dans le sport vu par des êtres humains ordinaires et sportifs extraordinaires.

#LeMag#Interview
Publié le 06/04/2020

Il est aujourd’hui une notion, un état d’esprit dont nous parlons, que nous applaudissons chaque soir à 20H, que nous saluons chaleureusement et soutenons en restant chez nous.

Il s’agit bien sûr du courage ; ce mot qui résonne toujours dans nos esprits comme une force de caractère qui permet d’affronter des circonstances difficiles.

Cette force, qui guide nos soignants, les malades et toutes ces femmes et hommes qui continuent à faire tourner la France, étant appréciée aujourd’hui sous un angle plus léger, en attendant de vivre de nouvelles aventures Outtrip (le plus vite possible !).

J’avais décidé d’écrire sur le courage sportif il y a quelques mois pour ce premier article destiné au blog Outtrip. Article quelque peu délaissé mais qui, avec la perspective du confinement est revenu au cœur de mes pensées et que j’ai décidé de coucher sur le papier.

Évadons-nous en ces temps de confinement, et ne nous évadons pas seul-e !

En effet, j’amène avec moi, avec vous, des sportifs, rencontrés sur le réseau social Instagram, devenus des amis pour certains et des sources d’inspiration dans tous les cas.

D’horizon divers, tous ont répondu à mes questions et m’ont personnellement enrichi de leurs aventures, pensées et visions du courage sportif.

Merci à eux et bonne lecture à vous toutes et tous !

Le courage dans le sport vu par des êtres humains ordinaires et sportifs extraordinaires.

Et nos joyeux contributeurs sont :

Grégory alias @mr.tiipiiak

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Je m’appelle Grégory. J’ai 34 ans. Je suis marié et papa de deux petits garçons.J’ai 20ans de rugby derrière moi… j’ai arrêté car je commençais à avoir de nombreuses douleurs articulaires qui devenait « chronique », et puis aussi parce que je ne trouvais plus ma place dans ce sport, que j’aime pourtant toujours autant, mais dans mon canapé ou au stade 😊.A présent cela fait 5ans je pratique de manière plus sérieuse la course à pied, et depuis 2ans le Trail, et plus particulièrement l’Ultra…

Un mantra dans la vie ?

Je n’ai pas vraiment de mantra… J’ai un parcours de vie qui n’a pas toujours été évident, et au quotidien je côtoie des personnes atteintes de pathologie cancéreuse (je suis infirmier) ce qui me fait relativiser sur beaucoup de choses… La vie est précieuse, on a trop souvent tendance à l’oublier. Il faut la vivre à fond, et essayez de relativiser sur les petits tracas du quotidien (pas toujours évident lorsque l’on est un râleur né ! 😜)

L’objectif sportif de ta vie, celui qui te fait rêver secrètement (ou bien y es-tu déjà inscrit !) ?

J’en ai quelques-uns… mais celui qui me fait vibrer et rêver, c’est la Diagonale des Fous. Je souhaite d’ailleurs y participer l’an prochain. (Et au jour d’aujourd’hui, Grégory y est inscrit !)

La course que tu as réalisée et qui m’a ébloui : l’Ultra-Marin. Dis-nous en plus :

L’Ultra Marin est une course d’ultra endurance qui a lieu à Vannes dans le Morbihan… elle consiste à réaliser le tour du golfe du Morbihan, soit 177km en 44h maximum. Avec en prime une petite traversée en bateau.C’est une épreuve « roulante » puisqu’elle ne présente pas de difficultés majeures, comme cela peut être le cas en montagne, mais c’est une course qui est tout en gestion.Au passage superbe organisation ! Je recommande vraiment.

Maël alias @mael_jf_trail_run

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Je m’appelle Maël Jouan, j’ai 25ans et je suis passionné d’ultra trail.

Un mantra dans la vie ? Et l’objectif sportif de ta vie ?

Je pars toujours du principe que « l’on vaut ce que l’on veut » et j’espère un jour pouvoir participer à la mythique Barkley, cet ultramarathon de folie aux USA créé par Lazarus Lake. L’an dernier j’ai eu la chance de courir sur 4 continents (Amérique, Asie, Afrique et Europe). Je suis également le co fondateur de French baroudeur. Une équipe de coureurs qui aiment le sport et la gastronomie.

La course que tu as réalisée et qui m’a ébloui : le Tor des Géants. Dis-nous en plus :

Le TOR est à mes yeux plus un voyage qu’une course. Il dure une semaine où l’on parcourt plus de 300km et où l’on fait une tonne de rencontres. Cette course se déroule en Italie, dans la vallée d’Aoste, au départ de Courmayeur. Au programme ? 330km et 24000m de dénivelé positif. Le parcours est parfois roulant mais il y a plusieurs cols à plus de 3000m d’altitude qui ne facilitent pas la chose. J’ai eu des moments très joyeux mais d’autres où c’était clairement l’enfer. Tout à commencer à s’assombrir pour moi vers le kilomètre 170 quand mes genoux et mon quadriceps ont commencé à être très douloureux. Les kinés présents sur les bases vies m’ont énormément aidé mais j’ai tout de même dû terminer les 21derniers du kilomètres en marche arrière car ma jambe ne pouvait plus se plier en marche normale.

Camille alias @camillecourtenvert

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Camille, 28 ans, je fais de la course à pied depuis mes 12 ans. Aujourd’hui, c’est plus qu’un sport de prédilection, mais c’est un mode de vie. Mais j’ai également fait 5 ans de boxe française, du VTT, et je pratique le yoga depuis plusieurs années aussi. Le sport fait partie de mon équilibre, mais je n’y suis pas « accro ». Je n’ai pas d’objectif sportif « de ma vie », si ce n’est de réussir ce qui me fait envie sur le moment T, en écoutant mon coeur et mon corps. En ce moment, je rêve d’ultra. Dans quelques années, je rêverais peut-être d’autres choses.Je pense que ce qui me définit le mieux, c’est la persévérance, et même si je n’ai pas de mantra en particulier, je sais que ce qui me fait tenir dans les moments difficiles c’est de me dire « ça ira ». Parce qu’il y a toujours une façon de se sortir d’une impasse, de rebondir et de mieux repartir.

La course à laquelle tu as participé et qui m’a ébloui : l’Haria Extrême aux Canaries. Dis-nous en plus :

L’Haria Extreme c’est un ultra de 95km et 3200D+ sur l’île de Lanzarote dans les Canaries. Cela se déroule en novembre, et il est censé faire beau et doux ! c’est une petite course méconnue, avec peu de participants (moins de 200 en 2019). Il existe également d’autres formats à partir de 20km environ.

François alias @francois_runner

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Je m’appelle François, j’ai 32 ans et je pratique du trail

Ton mantra dans la vie ?

« Tout se passe hors de ta zone de confort »

L’objectif sportif de ta vie, celui qui te fait rêver secrètement (ou bien y es-tu déjà inscrit !) ?

Passer au-delà des 100km (type CCC)

Une course contre toi-même : la blessure et la guérison… C’est celle qui m’a le plus ébloui ! Raconte-nous ce qui s’est passé :

Je ne suis pas athlète de haut niveau, mais depuis tout petit, j’ai toujours beaucoup pratiqué le sport. 20 ans de basket avec 3 entraînements par semaine plus les matchs. Arbitre officiel pendant 5 ans. Ensuite je me suis tourné à la course car c’est un sport qu’on pratique où l’on veut. Après 3 ans à m’entraîner seul 2 à 3 fois par semaine j’ai rejoint le club de Talence dans le groupe fond/demi-fond. 3 entraînements par semaine plus 2 sorties de vélo par semaine. Puis, la découverte du trail. Et un beau jour, la blessure arrive. Le syndrome de l’essuie-glace. Bye bye, la Skyrhune, le marathon du Mont Blanc… On pense que ça va passer vite avec une infiltration et quelques séances de kiné. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Ça a duré 1 an et demi. 1 an et demi de soins, de kiné et de médecin. 1 an et demi sans courir, pour quelqu’un qui est habitué à s’entraîner quasiment tous les jours c’est dur. Autant pour l’athlète que pour l’entourage. Le sport est un exutoire, et quand cet exutoire n’est plus, le comportement change. Plus irritable et plus tendu. Le seul espoir se produit 2 à 3 fois par semaine quand on se rend chez le kiné. Et puis petit à petit la douleur s’estompe et le retour aux affaires est là. Après de longs mois loin des sentiers c’est la délivrance !

Présentation faite, en avant sur mes tribulations…

Le courage, le sport, voici deux notions qui m’étaient complètement étrangères il y a de cela quelques années.

Zéro pratique sportive, amatrice de rugby dans mon canapé (RIP le fauteuil de mamie dont les ressorts ont craqué lors de la finale de coupe du monde 2011) et dans les stades mais aussi de JO d’été et d’hiver. Et pourtant… et pourtant je détestais toute pratique sportive.

Alors pour moi le courage sportif, je croyais que c’était juste un truc d’athlète olympique, quelque chose qui se ressent uniquement si tu passes à la TV car tu es qualifié pour la finale de saut à la perche, ou si tu vis un match compliqué mais que tu n’abandonnes pas comme l’ASM Clermont Auvergne durant ses nombreuses finales perdues (promis, je vous aime quand même).

Bref, n’ayant qu’un champ de vision très réduit sur le sport amateur, je n’ai appréhendé cet état d’esprit que récemment dans ma pratique qui s’est intensifié depuis 2-3 ans (en même temps je partais de zéro, hein !).

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Avec le recul, j’ai été courageuse d’enfiler une paire de basket à l’aube de mes 21 ans, avec 15kilos de plus qu’aujourd’hui et de partir courir, sans autre but que de perdre un bout de gras. D’affronter un puis deux, puis trois puis quatre kilomètres et ainsi de suite… De m’inscrire à mon premier 10K sur route, d’y aller seule, de me sentir un peu étrangère au milieu de ce brouhaha de chaussures à 150 balles et d’aimer cette ambiance. Sur le coup, je ne me suis pas sentie plus que ça superwoman je vous rassure.

Mais aujourd’hui, je sais mesurer le cheminement intérieur qui m’a amené sur ma première ligne de départ, les coups de pied aux fesses que je me suis donnée, et le courage que j’ai eu pour ne pas m’arrêter au kilomètre 7 quand j’avais chaud, qu’il n’y avait plus personne pour nous encourager, que le parcours n’était pas fou et que je n’avais jamais fait plus en entraînement.

Oui, j’ai été courageuse

Et je suis sûre que, toi qui lis ces lignes, tu l’as été aussi dans la pratique de ton sport préféré.

Je me rappelle un très joli film intitulé « De toutes nos forces » où un père se lance le défi de participer à l’IRONMAN de Nice en nageant, courant et en pédalant avec son fils en situation de handicap.

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Outre l’aspect émouvant du retracé de l’entrainement, des doutes, et de la beauté de l’amour d’un père pour son fils et vice-versa, ce qui m’a le plus marqué finalement, c’est le courage de ces deux personnes pour se faire confiance sur une épreuve réputée difficile et où le dépassement de soi est de rigueur. Il n’était pas question de gagner, la ligne d’arrivée n’est jamais acquise et pourtant ces deux anonymes nous font vibrer par leur abnégation.

Le courage n’est pas la propriété exclusive des sportifs de haut niveau et bien au contraire, on peut s’en nourrir pour relever nos propres défis.

Le sport est un formidable vecteur de valeurs comme le respect, l’honnêteté, l’honneur, la tolérance, l’humilité, le contrôle de soi, la politesse, l’amitié, la générosité et le courage. J’en oublie certainement tellement le sport nous apporte, nous rend plus fort.

Et si je m’intéresse, de manière peu scientifique je le conçois, à la notion de courage, c’est parce que c’est de cette valeur là que j’ai le plus appris et qui m’a le plus enseigné, à mon petit niveau obviously.

On peut décortiquer cette valeur sous plusieurs angles :

  • Le courage mental et émotionnel (la gestion des entraînements, d’une course, d’un évènement inattendu durant la course…)
  • Le courage physique (le corps qui suit les entraînements, se surpasse, surmonter une blessure…)

Sans être des superstars de nos sports, je crois qu’on arrive à appréhender chacune de ces notions dans nos défis… qui ne sont pas toujours l’UTMB ou la Diagonale des Fous, je vous rassure.

On peut relier la valeur « courage » avec l’abnégation, le don de soi, la volonté…

Toutes ces notions gravitent autour du courage, à moins qu’elles ne gravitent toutes autour de chacune, comme un aspect indissociable. Je n’ai pas la science infuse et chacun est libre d’interpréter cette valeur comme il le souhaite.

Grégory a d’ailleurs une toute autre vision que moi : « A aucun moment, je n’ai ressenti le fait d’être courageux, que ce soit avant, pendant, ou après l’Ultra Marin. Détermination et volonté seraient, pour moi, des termes plus appropriés pour décrire ce que j’ai traversé dans les moments difficiles… en fait c’est un combat avec soi-même. Lorsque l’on décide de participer à un Ultra, on sait à quoi s’attendre. On a chacun son objectif, et chacun vit son aventure à sa manière… La vraie question c’est de savoir jusqu’où on sera prêt à aller pour réaliser cet objectif.Je crois que la notion de courage c’est quelque chose de très subjectif en fait. Par exemple, pour moi avoir du courage c’est faire face à des situations inattendues, difficiles et/ou périlleuses… comme les sauveteurs en mer, les pompiers. Un Ultra… ce n’est pas du courage, mais plutôt de la folie ! ». Évidemment, la subjectivité de cette valeur est vraie. Chacun le vit différemment et on ne met pas tous les mêmes mots sur une sensation, un état d’esprit.

Déjà dans l’Antiquité, les philosophes n’avaient pas la même définition du courage. Homère avait une vision très héroïque, souvent relié à la virilité et à l’audace (« andreia » qui vient d’« andros » : l’homme) alors que Socrate avait une vision plus intellectuelle : « la science de ce qu’il faut craindre et de ce qu’il faut oser ». Position partagée et nuancée par Aristote qui place le courage comme un juste milieu entre la lâcheté et la témérité.

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Charles Pépin (philosophe contemporain, que je recommande) le contextualise de cette manière :

« Dans une situation donnée, si nous sommes aussi peu lâches, que téméraires, c’est que nous faisons preuve de courage. Lâche est celui qui n’y va pas, car il sait trouver les bonnes raisons de la sagesse. Téméraire est celui qui ne connaît pas la peur et fonce comme une tête brulée. »

Alors c’est vrai que des fois, nous faisons, en tant que sportif, des choix et des actions plus téméraires que courageuses…

Camille, qui avait pris le départ du Haria Extreme au Canaries l’an dernier rejoint le commentaire de Grégory : « En réalité, je ne me suis pas plus sentie courageuse qu’à un autre moment. J’avais envie de tenter l’aventure, j’y suis allée, et j’ai tenté. Je me sens plus persévérante que courageuse. Cependant, c’est vrai que pour beaucoup, aller aussi loin, seule, et tenter une telle course, cela relève d’une grande force… mais cette force fait partie de mon quotidien, dans tous les domaines. »

Maël, nuance cette approche avec sa vision : « Pendant le TOR tu vis l’aventure, tu t’adaptes. Il neige, tu t’équipes. Il pleut tu mets ta veste. Tu souffres, tu t’habitues parce que le décor autour de toi est extraordinaire. La chance d’être sur ce type d’évènement est unique. Alors sur le moment tu ne te trouves pas courageux, tu te trouves souvent fatigué, parfois tu as conscience que tu sens la mort, mais ce sentiment de courage n’est pas présent pendant l’effort. » et je le rejoins avec ce sentiment qui des fois ne t’accompagne pas au moment de l’effort.

Tu ne te rends pas compte de ce qu’a nécessité le passage de la ligne d’arrivée. C’est souvent les autres qui t’en font prendre conscience. Et pourtant, quelque que soit le mot que l’on pose sur cette sensation, la vérité est que nous menons une guerre intérieure pour parvenir à la ligne d’arrivée, à finir le match… Parfois avec courage, parfois avec témérité…

Platon disait que « la victoire sur soi-même est de toutes les victoires la première et la plus glorieuse, alors que la défaite où l’on succombe à ses propres armes est ce qu’il y a de plus honteux et de plus lâche. Et cela montre bien qu’une guerre se livre en nous contre nous-même ».

D’ailleurs il y a bien des fois, où l’on a succombé à nos propres armes, où surmonter nos peurs fût impossible. J’ai le souvenir d’un trail nocturne dans ma campagne lotoise, où après quelques péripéties, j’ai complètement abandonné et je me suis traînée jusqu’à la ligne d’arrivée, sans prendre aucun plaisir, suivant ma copine Laure, qui a du clairement me « subir ». Alors certes, je n’ai pas mis le clignotant à droite mais c’était tout comme.

Mon courage mental s’est envolé.

Je suis restée stoïque mais l’envie n’était plus là.

J’ai demandé à mes interviewés si une telle situation leur était déjà arrivée. L’expérience de Maël est marquante, dans des conditions extrêmes : « Cette question me plaît car ça m’est arrivé il y a de ça quelques mois dans le désert du Namib en Namibie. Une course de 250km en autonomie alimentaire. La dernière étape de 92km sous 55°C fut éprouvante. Après une forte douleur à la hanche et des pieds en sang abrasés par le sable j’ai jeté mes bâtons et je me suis assis sur une pierre. Après 5 grandes courses dans l’année j’avais tout simplement perdu l’envie. Plus aucune envie de me battre à l’inverse du TOR. ».

Et avoir du courage, dans le milieu sportif c’est aussi faire preuve de raison et de sagesse et savoir s’arrêter comme le relate Grégory : « Mon premier trail de montagne… la douche froide… Plein de certitude, manque d’humilité face à un tel effort, et surtout mal préparé. Ça a été mon premier abandon. Je ne l’ai pas mal vécu, au contraire, lorsque j’ai décidé d’abandonné j’étais très lucide… j’étais en colère contre moi même bien entendu. Mais j’ai essayé d’en tirer des leçons pour ne pas que ça se reproduise. »

La frontière est mince avec la témérité… Mais je pense sincèrement qu’écouter son corps est une puissante marque de courage. A chaud, on se dit que nous sommes nuls, que nous sommes faibles, qu’il était possible de continuer ou de prendre le départ, que c’est un échec et pourtant après coup, la sagesse et la raison (et surtout ton kiné !) te font entrevoir que ce n’était finalement pas une si mauvaise idée.

Camille me disait justement : « J’ai déjà dû abandonner mais c’était pour écouter mon corps, pas parce que je manquais de courage. ». Et j’approuve complètement cette idée, j’ajouterai même que c’est une marque de courage, au sens d’Aristote 😉

Quand le corps lâche, c’est la blessure et chez un sportif, haut niveau ou non, c’est bien sûr physique mais le moral « en prend un coup lui aussi ». Parole d’une nana très (trop) souvent blessée. Et dans cette situation, il en faut de la volonté pour s’en sortir. François ne nous dira pas le contraire : « Le courage est un mot fort. Il peut se caractériser de différentes manières. Je dirais que j’ai eu le courage de continuer à me soigner même pendant cette période qui a été extrêmement longue. Je ne suis pas sportif de haut niveau, donc je ne vis pas de mon sport. Mais j’ai eu le courage de ne rien lâcher, de garder l’espoir que recourir était possible. C’est quand on ne peut plus faire ce que l’on veut que l’on prenne conscience de l’importance d’une activité. Pour moi le sport est vital et j’en ai pris conscience à ce moment-là. ».

Mais alors, où puisons-nous cette sensation ? D’où provient-elle ?

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Personnellement, mon expérience me dit que tant que tu ne vis pas des situations complexes, tu ne peux pas savoir ce que c’est et tu ne sais pas comment les gérer. Alors oui, il y a des échecs, des moments difficiles mais c’est aussi cela qui forge un mental, un esprit et qui amène à faire preuve de courage.

Maël nous partage sa vision : « la notion de courage vient avec notre expérience de la vie. Je pense que notre société (du moins en France) nous met beaucoup trop dans une boîte en coton. Ne serait-ce qu’à l’échelle locale. Dans mon club de foot l’hiver quand j’étais petit, nous étions 20 ou 30 aux entrainements à la rentrée et puis lors de la période hivernale le nombre était divisé par deux, parfois 3. Les parents ne voulaient pas que leurs enfants soient dehors par ces températures. Mon père et ma mère pensaient l’inverse à ma plus grande joie. Dorloté, chouchouté, n’est pas un chemin qui mène au dépassement de soi. Pour cela il faut avoir à faire face à des situations contraignantes et ça commence dès qu’on est enfant à mes yeux. », plutôt proche de la mienne.

Mais aussi de celle de François : « Quand on veut quelque chose on doit se donner les moyens d’y arriver. Quand on sait que l’on peut s’en sortir, rien ni personne ne peut nous détourner d’un objectif. Les difficultés forgent la personnalité, et c’est grâce aux difficultés qu’on arrive à atteindre nos objectifs. »

Camille tient quasiment le même discours : « On a peut-être des prédispositions à être « courageux » selon notre caractère, mais ce sont les événements de la vie et ce qu’on en fait qui vont les renforcer. Je sais que j’ai eu pas mal d’embûches dans ma vie, et je n’ai jamais choisi le « confort », j’ai toujours cherché à aller au-delà … En ce qui concerne notre société actuelle, pour ma part, je trouve qu’elle pousse surtout à rester dans sa zone de confort (ou alors elle fait sortir de cette zone pour de mauvaises raisons) ».

La conclusion est pour Grégory : « Notre caractère, notre éducation et ce que nous traversons dans nos vies font que l’on est capable de faire face, ou non, à des situations qui nécessitent du courage. ». Voilà au moins une approche que l’on partage toutes et tous.

Il est bien évident que ma réflexion sur le courage dans le sport n’est pas une vérité absolue, mais plutôt une piste de réflexion pour tous celles et ceux qui, à chaque ligne d’arrivée, à chaque rendez-vous chez le kiné, à chaque fin de match, à chaque fin d’entraînement, se demandent s’ils ont manqué de courage, s’ils auraient dû/pu faire autrement.

Charles Pépin a écrit dans un article :

« avoir du courage, c’est exprimer une combativité qui s’inscrit dans la durée et porte en elle des valeurs »

Et ceci ne s’applique pas que dans le sport 😉

Et pour finir …

J’ai demandé à tous mes interviewé, selon eux, si le courage était une course, laquelle serait-elle ?

Je vous laisse découvrir leur réponse…

Camille, nous fait voyager direction La Réunion : « La Diagonale des fous, parce que pour être courageux il faut être un peu fou ! »

Je ne vais pas être très originale mais personnellement, pour être sur la ligne de départ de la Diag, c’est déjà 50% du courage qu’il faut pour appréhender cette course, alors passer la ligne d’arrivée dans le stade de la Redoute… frissons

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Maël reste en métropole pour sa part : « Si le courage était une course il serait à mes yeux le Grand Raid Des Pyrénées. Celle où tu te lances dans l’inconnu, sur des chemins ultras techniques dans un massif de folie. Différentes courses de différents niveaux mais qui sont « à chacun son Everest ». Je pense que le courage dans le sport n’est qu’une question de point de vue. Là où certains sont courageux sur l’ultra de 160km, il n’en est pas moins pour ceux qui se lancent à l’assaut du tour du Néouvielle de 42km. »

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Au tour de Grégory, qui nous fait voyager dans les Alpes : « Le Tor des Géants… une aventure fabuleuse. Grosses pensées pour mon pote Maël, qui est en ce moment sur le parcours… » (et oui, j’ai beaucoup, beaucoup de retard sur la rédaction de l’article !!)

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Et à François de clôturer : « A mon sens la Diagonale des Fous. L’humidité et la chaleur seraient des facteurs difficiles à gérer pour moi. Mais à mon sens c’est ce sport en général qui reflète la notion de courage. On peut très bien se sentir sur une course de 100km et imploser sur un 40km. Tout le monde à sa chance dans ce sport. Tant qu’il y a du courage, il y a de l’espoir chez chaque athlète. ».

Rien à rajouter.

L'Outtripeur
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