COURSE | Ultra Trail Causses et Vallées Lot Dordogne, par Guillaume

Le weekend du 13 et 14 avril 2019, avait lieu la première édition de ce nouvel ultra trail Ultra Trail Causses et Vallées Lot Dordogne, appelé aussi UTCV. Au programme de ces deux jours, deux distances : 87 et 180 kms.

• 87 kms Gramat-Cahors (ultra trail des Causses du Quercy) avec 1398 m de dénivelé a faire en trail ou sur le format course VTT dédiée aux VTT avec assistance électrique.
  
• 180 kms Cahors-Cahors (utcv) et ses 3702 m de dénivelé que l'on pouvait faire en trail, en trail relais 4x45 kms ou alors en VTT.

Deux formats, cinq courses créées par l’organisateur Cap Orn qui souhaite faire de ce petit nouveau un évènement régional et national et dans le futur un rendez vous incontournable de l’ultra trail.

En effet, il y a de quoi faire et les trailers ont été servis. La boucle du 180kms leur aura permis de voir ou découvrir le pont Valentré a Cahors, Saint-cirq lapopie, le canyon de l'Ouysse, Rocamadour entre autre. Des paysages, de roches mais aussi les vallées du Lot et de la Dordogne pour décor et le tout sous un beau soleil.

Pour ma part, j’étais inscrit sur le 180kms mais suite a un début d'année compliqué a cause d'une blessure au pied, je décidé donc de changer pour le 87.

Les trailers de l'Utcv (180) ont pris le départ samedi a 8h avec pour objectif d'arriver avant les 40h que laissait la barrière horaire. Je suis donc aller voir le départ avant d'aller retirer mon dossard. Un peu plus de 80 partants sur ce format, quasiment pareil que sur le 87. Le suivi live, le plus complet que j'ai eu l'occasion de voir depuis que j'ai commencé le trail, permet de suivre l’évolution de la course tout le samedi.

Ma course, l'ultra trail des Causses du Quercy, nous amène a partir de Gramat le dimanche a 5h du matin. Gramat est le point de départ pour nous mais c'est aussi le ravitaillement de la mi course pour le long. Arrivé la veille, pour dormir à l’hôtel avec ma cousine qui fera mon assistance, le petit déjeuner sera rapide et a 30 minutes de la course ce sera avec une bouteille de smeal au chocolat et une bouteille de smartchimp a la framboise.

Mes inov8 Roadclaw 290, mon sac oxitis hydragon 7l, mes 3 flasques (deux d’eau et une d’un mélange eau/jus de pomme et pincée de sel) et de quoi manger. Pour ça deux bananes, du pain d’épices, des compotes et du cake aux fruits. Tout ça bien rangé soigneusement dans des sachets zippés.

Comme a mon habitude je pars tranquille, le temps de mettre les jambes en route, de se réveiller et de laisser passer la nuit. La première grosse difficulté se trouve juste après le passage sur le bas de Rocamadour sur sa falaise que l’on devine avec le jour qui se lève. Les sensations sont bonnes et le premier ravitaillement au km 25 arrive vite.

Je remplis les flasques, un petit mot a ma cousine et ça repars. Le genou droit est un peu douloureux mais je sais qu’à labastide Murat ma famille sera la avec mon oncle, ma tante, ma cousine et mes parents. . Peu de temps après être reparti je double le dernier du 180 qui marche depuis le début de sa course. Je me dis que ça va être vraiment long pour lui. Je ne sais pas comment il fait pour tenir.

C’est là que je ferais une seule erreur en suivant le balisage. Du coup je me fais une petite côte en plus avant de faire demi tour. Un trailer du 180 kms avait pourtant essayé de m’appeler. On discute un peu et il me demande combien de que je suis bien parti et peut être déjà bien placé. Ça y est premier ravito je suis dans les temps que j’avais estimé d’après ma cousine environ 2h30 de course pour 25kms. Je rempli mes flasques a fond et je mets de quoi manger dans la poche de mon coupe vent.

Je repars vite. Je retrouverais ma cousine 21 kms plus loin a la bastide Murat pour le gros ravito avec le reste de la famille kms avant le ravito. Au début je ne réponds pas a sa question parce que je ne voulais pas savoir où j’en était niveau kms et niveau classement pendant la course. Puis je me dis qu’il doit en chie pas mal et en avoir marre donc je me dis, ne soit pas con dit lui. Il restait 4 kms. Fait failli ne plus avoir l’esprit trail.

Je gère surtout l’allure, les sensations et surtout l’hydratation pour ne pas refaire la même erreur qu’à l’ultra marin. Donc je vide 1,5 l de boisson entre chaque ravito. Tout va toujours bien mais le genou tire depuis quelques kms déjà mais je peux le plier donc rien de bien méchant. Je soignerais ça au ravito. Je gère pour garder des forces pour la deuxième grosse difficulté mais au final je sais qu’elles sont plutôt faciles à passer. Les kms passent le genou tire toujours mais le ravito arrive vite. Je sais déjà ce que je veux faire la bas, dans quel ordre et comment faire. Donc j’arrive a labastide Murat sous les encouragements de la famille et me dirige droit vers la salle. Je pose mon sac, met ma montre a charger et je me mets les pieds contre le mur en étant allongé au sol. 2 mins comme ça,puis je vais manger et boire. Coca, saint yorre, Tuc et soupe. Mes assistantes remplissent mes flasques et pour finir un coup de bombe de froid sur le genou et surtout un massage fait par mon père. Super efficace je repars sans douleur et prêt pour la dernière moitié de course.

C’est parti et direction guillot petit lieu dit au 67 ème km de course. C’est dans cette partie que va arriver la dernière grosse côte. Je l’attends de pied ferme parce que les jambes vont toujours bien. C’est un peu vallonné, le soleil fait son apparition et la voila. Comme a mon habitude je l’attaque en mode marche active et dépasse donc 2 concurrents du 87. A chaque fois que je dépasse un trailer, j’ai le réflexe de regarder la couleur du dossard et d’essayer de voir si il est dans ma catégorie. Les dossards bleus du 87 que je double sont la plupart du temps des masters 1. Je commence a me dire qu’il pourrait y avoir quelque chose de très beau au bout. J’ai aperçu quelques messages sur Messenger du coup je sais que je suis dans les 20 premiers. Les deux concurrents doubler dans la montée vont me doubler une fois sur le plat. Normal je fais le choix de marcher pour manger une banane et préparer l’arrivée au ravito en préparant les flasques. Je les reprends puis m’arrête cette fois pour un caillou dans la chaussure. Rebelote, mais comme avant, une fois la chaussure remise je les reprends et cette fois ci les dépose.

Les difficultés sont passées, ma stratégie est en place, c’est-à-dire pas de perte de temps au ravito. Faire le plein d’eau et repartir au plus vite.
Guillot est la, la famille aussi, mon oncle qui me dit que le plus dure est passé et moi je lui réponds que je sais et que maintenant je vais aller finir. Il me dit d’aller péter le chrono au stade à cahors et j’en ai la ferme intention. Flasques remplies je repars très vite. Je laisse des dossards bleus sur place. Exactement ce que je voulais. Une petite côte dans la foulée ou la je passe encore 2 concurrents. Je les dépose eux aussi. Jusque là tout va bien il reste bientôt plus que 17 kms.

Arrive les 15 derniers. 3 kms tranquille mais les 12 derniers seront affreux. Je comprends grâce a un nouveau message qu’il y a un concurrent devant que je peux rattraper et ça pourrait me permettre de faire un superbe classement. Je l’ai assez vite en point de mire. L’eau commence à manquer et la jambe droite fait la tête mais je peux encore courir normalement. Je vois que je suis plus rapide que lui, je sais que je vais devoir le déposer et faire l’écart tout de suite sinon ça risque d’être difficile. Un spectateur nous voit nous encourage et me dit d’accrocher celui de devant. Je lui dis que c’est prévu il m’encourage encore. A 10kms de l’arrivée je le passe et poursuis mon effort au maximum. Je pense avoir tenu ce rythme sur 2 kms et heureusement. Parce que là le calvaire commence. On est sur le gr36 le long du lot, une interminable ligne droite, au soleil, flasques presque vides et j’ai du mal a plier la jambe droite. Je dois alterner course et marche rapide. Je maudit cette ligne droite, je gueule et pas qu’un peu. Je n’arrive pas a prendre le dessus psychologique. Passer en mode con et automatique comme je sais le faire sur les fins de course normalement. Je suis persuadé qu’on doit traverser le lot pour retourner au stade. Rien ne va mais ce qui me motive pour la première fois sur une course c’est le classement. Je suis en train de réaliser une grosse perf.

Le bitume enfin. Ça signifie que je suis dans cahors. Il reste moins de deux kms, et toujours plus de jambe droite. Un petit tour dans les rues, 86kms de fait et la un virage a droite je reconnais la rue, les drapeaux et les poteaux de rugby. Le stade, il est la a ma portée. Je savais depuis longtemps que je finirais cet ultra que ce serais fort et que ça serait dur.
Entrée du stade il reste 300m à faire, ma tante arrive vers moi, j’en peux plus mais là plus rien ne compte je suis finisher. Pas où peu de préparation, la peur du retour de la blessure. Mais là il y a la ligne, un beau classement potentiel et surtout la famille. Je passe l’Arche accueilli par le speaker, je suis fou de joie et il le voit bien et le souligne bien. Il annonce mon chrono 9h31’31” et mon classement.

Je suis 10 ème général et 3 ème sénior. Impensable au début de la course. J’explose encore plus. Me tourne vers la famille et vois les larmes de joie de mon père derrière les lunettes de soleil. L’accolade qui achève cette arrivée parfaite. Épuisé, vidé mais tellement de heureux de partager tout ça avec eux. C’est la première fois de ma vie que je fais un podium sur quelque chose en individuel. Première récompense a 31 ans sur une course que je n’ai pas pu préparer comme je l’aurais souhaité. Je me pensais trop ambitieux mais sur de mes capacités, j’ai douté depuis des mois mais j’ai rien lâcher parce que cet ultra je l’avais choisi depuis plus d’un an. J’avais demandé à ma famille d’être la pour l’occasion. Un pur moment de bonheur.

Voila, pour ma part, une belle course avec un résultat inattendu sur cet Ultra Trail Causses et Vallées Lot Dordogne. Un beau parcours et 166 trailers sur le format individuel qui ont pu inauguré cette épreuve. Et pour une première le niveau était relevé avec le vainqueur du 180kms Vincent Hérault, qui termine en 20h30’27”, soit 1h45 avant les seconds puisque Jean Contant et Maxime Jaouen sont arrivés ensemble.les trois femmes inscrites sur la distance sont toutes finishers avec la victoire de la danoise Karen Marie Brogger en 30h11’56”. Le 87 a vu s’impose Stéphane Philippe en 7h08’40”, devançant de 28 minutes Frédéric Graves et voyant Julien Luquet compléter le podium.

L’ensemble des concurrents semblait satisfait de l’organisation de cette course dans son ensemble. Et en effet, une organisation, sérieuse, professionnelle et de qualité. Un balisage complet et bien fait, de la difficulté même si lorsqu’on arrive dans le Lot on pourrait s’attendre a plus et des paysages qui font de cet ultra un bel événement sportif.
Pour moi le seul petit bémol concerne les bénévoles qui étaient bien présents en nombre, mais le système de self service lors des ravitaillements me laisse perplexe. C’est un endroit stratégique et les trailers sont dans l’effort, donc un peu d’aide ne serait-ce que pour remplir les flasques serait un petit confort bien agréable.

Je souhaite a tous les bénévoles, toutes les villes, les villages et le département qui se sont pleinement investis et bien sûr a Cap Orn que ce soit le début d’une belle aventure et que ce rendez-vous devienne un évènement sportif incontournable dans le monde de l’ultra trail.